10 millions<\/a>* de francophones et de francophiles peuvent r\u00e9pondre oui \u00e0 la question. Et maintenant, posez la question \u2014 parlez-vous fran\u00e7ais? \u2014 aux Franco-Ontariennes et Franco-Ontariens. La r\u00e9ponse sera oui, bien entendu. Mais il est bien possible que derri\u00e8re ce oui,vous entendiez quelque chose de plus : une profonde et l\u00e9gitime indignation. Car, encore une fois, les droits linguistiques fondamentaux des francophones sont menac\u00e9s en Ontario. <\/p>\n\n\n\nTout a commenc\u00e9 un 15 novembre 2018 pendant une mise \u00e0 jour \u00e9conomique du ministre des Finances de l\u2019Ontario, Vic Fedeli. Sans pr\u00e9avis \u2014 et, d\u2019apr\u00e8s moi, sans logique ni raison \u2014, il d\u00e9clara \u00e0 l\u2019Assembl\u00e9e l\u00e9gislative la fin du Commissariat aux services en fran\u00e7ais et l\u2019annulation du projet de l\u2019Universit\u00e9 de l\u2019Ontario fran\u00e7ais. Pour les 620\u2009000 francophones de la province, cela revenait \u00e0 freiner l\u2019am\u00e9lioration des services dans leur langue maternelle et \u00e0 leur interdire un meilleur et plus grand acc\u00e8s \u00e0 une \u00e9ducation postsecondaire en fran\u00e7ais. Pas \u00e9tonnant que l\u2019\u00e9v\u00e8nement ait tant fait r\u00e9agir… Les r\u00e9seaux sociaux n\u2019ont pas tard\u00e9 \u00e0 se d\u00e9cha\u00eener. De partout au pays, les appuis se sont manifest\u00e9s \u2014 je tiens d\u2019ailleurs \u00e0 remercier les syndicats d\u2019enseignement qui nous ont donn\u00e9 leur appui. Tr\u00e8s rapidement, un mouvement de r\u00e9sistance a surgi, puis 14\u2009000 personnes ont particip\u00e9 \u00e0 une trentaine de manifestations partout en province et plusieurs autres \u00e0 travers le pays… Les francophones et francophiles ne s\u2019arr\u00eateront pas l\u00e0; car, pour nous, la lutte est loin d\u2019\u00eatre termin\u00e9e. <\/p>\n\n\n\n
Je ne peux pas dire que la d\u00e9cision du gouvernement ontarien ait \u00e9t\u00e9 enti\u00e8rement surprenante. D\u00e8s la course \u00e0 la chefferie des conservateurs, en mars 2018, Doug Ford avait annonc\u00e9 ses couleurs, notamment en promettant d\u2019abolir le programme d\u2019\u00e9ducation sexuelle de 2015, un curriculum progressiste qui tenait compte des r\u00e9alit\u00e9s d\u2019aujourd\u2019hui et qui avait \u00e9t\u00e9 mis en place par le gouvernement ontarien pr\u00e9c\u00e9dent. \u00c7a s\u2019annon\u00e7ait plut\u00f4t mal pour le monde de l\u2019\u00e9ducation… Une fois \u00e9lu premier ministre de l\u2019Ontario, il a ressorti le curriculum d\u2019\u00e9ducation physique et sant\u00e9 de 1998 et lanc\u00e9 ce qu\u2019il a par la suite appel\u00e9 la \u00ab\u2009plus vaste consultation publique de l\u2019histoire de l\u2019Ontario\u2009\u00bb. Comme vous le savez, cette consultation sur l\u2019\u00e9ducation \u00e9tait ouverte \u00e0 qui le voulait, et comprenait un m\u00e9li-m\u00e9lo de questions sur l\u2019\u00e9ducation sexuelle, les t\u00e9l\u00e9phones cellulaires, les math\u00e9matiques, les tests standardis\u00e9s ou toute autre question que la population g\u00e9n\u00e9rale avait envie d\u2019aborder. En prime pour Doug Ford, ce Don Quichotte redresseur des torts caus\u00e9s par l\u2019\u00e9ducation publique et le personnel enseignant : un lien sur le formulaire de consultation menant directement \u00e0 l\u2019Ordre des enseignantes et des enseignants de l\u2019Ontario afin de porter plainte contre n\u2019importe quelle enseignante ou n\u2019importe quel enseignant. <\/p>\n\n\n\n
Un courant de populisme semble donc traverser l\u2019Ontario. Qu\u2019il s\u2019agisse de mettre en place un programme de bi\u00e8re \u00e0 un dollar ou d\u2019annuler l\u2019augmentation du salaire minimum, les annonces surprises se multiplient… et les syndicats se mobilisent. Car, \u00e0 l\u2019inverse de Doug Ford, les syndicats se portent \u00e0 la d\u00e9fense de causes bien r\u00e9elles, qui, souvent, touchent l\u2019ensemble de la soci\u00e9t\u00e9. <\/p>\n\n\n\n
En Ontario comme ailleurs, le populisme continuera probablement sa mont\u00e9e, soufflant, comme le vent d\u2019hiver, des id\u00e9es \u00ab\u2009pour le peuple\u2009\u00bb derri\u00e8re lesquelles peuvent se cacher le manque de transparence et le manque de rigueur. Les Donald Trump de ce monde pr\u00e9tendent \u00eatre les seuls qui repr\u00e9sentent \u00ab\u2009le peuple\u2009\u00bb. Pourtant, tout porte \u00e0 croire qu\u2019ils ne connaissent pas l\u2019importance de la collectivit\u00e9. Si les circonstances l\u2019exigent et qu\u2019on pousse les syndicats \u00e0 monter aux barricades, nous le ferons. Exactement comme lors des manifestations du 1er<\/sup> d\u00e9cembre. Partout en province, l\u2019AEFO \u00e9tait pr\u00e9sente ainsi qu\u2019un tr\u00e8s grand nombre de ses membres. Nous savons manifester, revendiquer. C\u2019est notre expertise. C\u2019est dans notre ADN. <\/p>\n\n\n\nParlez-vous fran\u00e7ais? Non seulement nous le parlons, mais nous vivons en fran\u00e7ais. C\u2019est dans notre langue que nous allons \u00e0 l\u2019\u00e9cole, que nous travaillons et que nous vieillissons. Et nous avons la ferme intention de nous assurer que les g\u00e9n\u00e9rations futures pourront encore faire le m\u00eame choix. <\/p>\n\n\n\n
Voil\u00e0 pourquoi, pour l\u2019instant, les revendications des francophones retentissent d\u2019un bout \u00e0 l\u2019autre du pays. <\/p>\n\n\n\n
C\u2019est notre langue, notre culture et notre droit.<\/p>\n\n\n\n
*https:\/\/www12.statcan.gc.ca\/census-recensement\/2011\/as-sa\/98-314-x\/98-314-x2011003_1-fra.cfm<\/a><\/p>\n\n\n\n \n\n\n\n <\/figure><\/div>\n\n\n\n R\u00e9mi Sabourin est le pr\u00e9sident de l\u2019Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"
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Francophonie, syndicalisme... et populisme - CTF-FCE<\/title>\n \n \n \n \n \n \n \n \n \n \n \n\t \n\t \n\t \n \n \n \n\t \n