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C’est dans les classes que commence la lutte contre les changements climatiques

| Action politique, Éducation publique, Justice sociale, Profession enseignante

par Sam Hammond, président de la CTF/FCE

Plus tôt cette année, le premier ministre de l’Alberta, Jason Kenney, et son centre canadien de l’énergie se sont attiré beaucoup de colère par leur utilisation des fonds publics de la province pour tenter d’empêcher la diffusion d’un film de fiction pour enfants dans lequel une société pétrolière malveillante veut détruire le paysage immaculé de l’Alaska. Évidemment, j’aurais de loin préféré que le premier ministre de l’Alberta consacre moins d’argent à se battre contre un film pour enfants de Netflix et plus pour soutenir les travailleurs et travailleuses du secteur public, mais je dois reconnaître que M. Kenney et son gouvernement avaient raison sur une chose : quand il est question de changements climatiques, les enfants savent de quoi on parle! 

À la demande de ses organisations membres et associées, la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants (CTF/FCE) a pris de nombreux engagements dans le dossier des changements climatiques. En tant qu’éducateurs et éducatrices, nous reconnaissons l’importance d’enseigner aux élèves de la maternelle à la 12e année les conséquences négatives des changements climatiques et la meilleure façon de les atténuer.

Il est déjà arrivé, par le passé, que le corps enseignant prenne les devants alors que les gouvernements traînaient de la patte face à certaines problématiques. Il a souvent donné du pouvoir aux personnes en quête de justice sociale et d’équité, les aidant, ce faisant, à parler d’une voix plus forte. 

Aujourd’hui, nous devons faire la même chose pour la justice climatique. Au Canada, ce domaine, comme celui de l’éducation, relève des instances provinciales et territoriales. Or, rares sont celles parmi ces instances qui incluent les changements climatiques dans les programmes d’études. Il faut que cela change! Nous voyons bien à quel point les enseignantes et enseignants, les élèves et leurs familles s’inquiètent de la qualité de l’air et de l’eau, et d’un avenir incertain. En septembre 2019, avant qu’une réalité complètement différente ne s’impose à nous, des millions de Canadiennes et Canadiens, dont de nombreux élèves, étaient descendus dans les rues pour réclamer des changements systémiques à la défense du climat. Aux élections fédérales de 2021, une majorité d’électeurs et électrices ont appuyé les partis dont la plateforme faisait une place centrale à la question des changements climatiques. 

Collectivement, nous comprenons l’importance critique de ce dossier et c’est pourquoi il nous faut faire de l’éducation dans ce domaine un élément intégral des programmes d’études dans toutes les provinces et tous les territoires du Canada. 

Comme les années que j’ai passées à la tête d’organisations me l’ont appris, les approches qui ne partent pas de la base sont infructueuses. La CTF/FCE est au courant des engagements proposés par le Canada à la COP26 et y adhère, notamment la volonté d’imposer un plafond aux émissions qui, certes, représente un bon début. Cependant, un engagement véritable pour un monde durable doit commencer par un effort d’éducation afin que la population saisisse bien les difficultés posées par les changements climatiques et le genre de mesures et de réorientations nécessaires pour faire face à la réalité d’une planète qui se réchauffe. Dans la foulée de Glasgow, j’espère que les changements climatiques resteront au premier plan des préoccupations sur la Colline du Parlement et dans l’ensemble de la population canadienne. Il faut que les provinces et les territoires mettent en place un plan sérieux pour faire avancer la compréhension des changements climatiques, mais son élaboration doit se faire en collaboration avec des chefs et des gardiennes et gardiens du savoir autochtones, des scientifiques du domaine, des élèves et des éducateurs et éducatrices, et à l’initiative de toutes ces personnes. Nous encourageons le gouvernement fédéral à trouver des manières de travailler avec les gouvernements, sans oublier les ministres de l’Éducation, des provinces et des territoires afin que les changements climatiques et les moyens de les atténuer fassent partie de l’apprentissage quotidien. 

Le personnel enseignant est guidé par un souci altruiste de donner aux élèves les meilleurs outils qui soient pour affronter un avenir incertain. Malheureusement, avec notre mauvaise gestion de la crise climatique, jusqu’à présent nous avons plutôt laissé tomber la génération de nos enfants. Aussi devons-nous absolument, et dès aujourd’hui, lui fournir la connaissance et la capacité qui lui permettront de ne pas répéter les erreurs passées. 

Nous avons la chance d’avoir un environnementaliste à la tête du ministère de l’Environnement et du Changement climatique; c’est signe que le gouvernement fédéral prend au sérieux les menaces du réchauffement planétaire. De plus, comme l’ont clairement montré les dernières nouvelles sur les sables bitumineux, la guerre des relations publiques pour faire taire les critiques perd du terrain face à un public de plus en plus défavorable à l’exploitation pétrolière. Tout cela est bien, mais la voie vers un avenir durable passe inévitablement par la salle de classe. 

Il serait difficile de trouver des écoles où le personnel enseignant ne traite pas de l’environnement et des problèmes associés aux changements climatiques; la plupart du temps, il le fait à sa propre initiative, mais de plus en plus souvent, à celle des élèves. Cela dit, lorsqu’un changement survient dans le programme d’études, sa réussite dépend de la capacité des enseignantes et enseignants de l’intégrer au plan de leçon et de la liberté dont elles et ils disposent pour le faire. 

À la CTF/FCE, nous savons qu’il faut donner aux membres de la profession enseignante la marge de manœuvre et les outils d’apprentissage et d’enseignement qui leur permettront non seulement d’ajouter à leur programme des leçons sur le développement durable, mais aussi de les adapter aux méthodes qui sont les leurs ainsi qu’aux réalités géographiques de ce vaste pays. 

Eh oui, tenons-nous-le pour dit! Le jour est arrivé où nous devons reconnaître l’importance de l’éducation pour préparer la prochaine génération face à des changements climatiques à l’intensité grandissante, mais aussi lui donner les moyens de changer les façons de faire pour arriver à une existence durable sur notre planète.

La Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants

Fondée en 1920, la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants est la voix nationale de la profession enseignante. Alliance nationale d’organisations provinciales et territoriales de l’enseignement, la CTF/FCE représente plus de 365 000 enseignantes et enseignants des écoles élémentaires et secondaires au Canada.

Contact avec les médias

Andrew King
Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants (CTF/FCE)
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