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En cette Journée des droits de la personne, le Canada doit faire mieux

| Justice sociale, Ressources financières et autres

Par Sam Hammond, président de la CTF/FCE

« Le Canada est le meilleur pays du monde. » Voilà une affirmation souvent entendue, une phrase que les personnes qui occupent une fonction politique ou y aspirent semblent obligées de prononcer, un peu comme une condition préalable à l’emploi, et qui convient bien aux démonstrations de patriotisme lors des fêtes nationales. Malheureusement, cette affirmation présente une immense lacune.

La pandémie de COVID a exposé des iniquités que nous tentons depuis bien trop longtemps de corriger au moyen de solutions temporaires. Au nombre de ces iniquités figure la pauvreté des enfants. Lorsque les écoles ont fermé abruptement leurs portes l’an dernier, la pauvreté, que nous avions continuellement balayée sous le tapis d’un bout à l’autre du Canada, a été exposée au grand jour. 

Campagne 2000 a récemment rendu public son Rapport sur la pauvreté des enfants et des familles au Canada (la version française du rapport dans son intégralité doit paraître le 30 novembre, mais un résumé en français se trouve ici). Ce rapport nous rappelle tristement que près d’un enfant sur cinq vit dans la pauvreté, ce qui, dans un pays aussi riche que le Canada, est inadmissible. Autre constat qui fait réfléchir encore davantage, selon un document publié en 2019 par Upstream sur la pauvreté des enfants autochtones, les enfants membres des Premières Nations, inuits et métis affichent un taux de pauvreté au moins deux fois plus élevé que celui des enfants non autochtones. Et chez les enfants des Premières Nations inscrits, ce taux est 3,8 fois plus élevé. Tous les enfants au Canada méritent mieux. Aucun ne devrait vivre dans la pauvreté.

Je ne peux m’empêcher de me demander comment nous pouvons affirmer avec certitude que le Canada est « le meilleur pays du monde » alors que nous manquons à nos engagements envers nos plus jeunes, et comment nous pourrions prendre la réconciliation au sérieux quand nous voyons les difficultés auxquelles les enfants autochtones sont confrontés. 

À l’approche de la Journée des droits de l’homme des Nations Unies, je tiens à attirer l’attention sur le rôle que le personnel enseignant et l’éducation jouent dans le thème de cette année (qui met l’accent sur l’équité, la réduction des inégalités et la défense des droits de la personne) et sur la manière dont la profession enseignante peut contribuer à éliminer la pauvreté des enfants et à faire avancer la réconciliation avec les Autochtones.

Si nous voulons réduire l’écart entre la qualité de vie des Autochtones et celle des personnes non autochtones, nous devons placer l’éducation au premier rang de nos priorités. En effet, l’éducation est considérée comme un déterminant social de la santé et un élément clé de la prospérité des communautés.

Nous devons également inviter les chefs, les aînées et aînés, et les communautés autochtones à nous indiquer la meilleure voie à suivre pour parvenir à la réconciliation, et nous devons les écouter et poser les gestes qui s’imposent. 

Je n’ai pas encore rencontré officiellement de dirigeantes ou dirigeants autochtones en ma qualité de président, mais l’équipe de la CTF/FCE incorpore déjà des priorités autochtones dans son travail. Et un dossier sur lequel j’ai l’intention de me concentrer en priorité (tiré d’une publication de l’Assemblée des Premières Nations) est celui de l’accroissement de l’investissement dans les écoles et le personnel enseignant.

Même dans le meilleur des scénarios, le recrutement de nouveaux enseignants et enseignantes et leur maintien en poste à long terme représentent un défi. Dans les communautés autochtones éloignées, le défi est encore plus grand. Si le fait d’avoir passé un an dans une communauté peut faire bonne impression sur un curriculum vitæ, au bout du compte, le roulement continu de personnel enseignant peut faire plus de mal que de bien. Voilà pourquoi nous devons attirer des enseignantes et enseignants dans les collectivités rurales et éloignées, et surtout multiplier les efforts pour qu’ils y restent. 

Un autre dossier qui doit être considéré comme prioritaire est celui du logement. De fait, le logement est un déterminant important de la santé et un droit de la personne. Or, la surpopulation et le piètre état des logements dans les communautés autochtones ont atteint des niveaux critiques. Il n’est donc pas étonnant que la question du logement du personnel enseignant soit aussi préoccupante. Les résidences pour enseignantes et enseignants dans les communautés autochtones éloignées doivent faire partie des dossiers d’infrastructure prioritaires. En offrant aux enseignantes et enseignants un bon choix de logements, les communautés seront davantage en mesure d’attirer des enseignantes et enseignants et, surtout, de les garder.

Cela m’amène à parler de la pénurie de personnel enseignant dans les communautés autochtones, qu’il serait possible de contrer de plusieurs manières. On pourrait par exemple aider davantage d’étudiantes et étudiants autochtones de niveau postsecondaire à faire carrière en éducation dans leurs communautés ou inciter des personnes de l’extérieur des communautés autochtones à s’y installer à long terme en leur offrant des crédits d’impôt. Mais d’abord et avant tout, il faut chercher des solutions locales. Les communautés doivent disposer des pouvoirs nécessaires pour tenir elles-mêmes les rênes des projets en plus de recevoir le soutien du gouvernement fédéral. Voilà où la CTF/FCE joue un rôle de premier plan.

La campagne que nous menons pour amorcer une conversation nationale vise notamment à créer un groupe consultatif national sur l’éducation afin de renforcer l’éducation publique financée par l’État au Canada. Ce groupe, formé de membres de la profession enseignante, d’universitaires, de représentantes et représentants de la société civile, et de dirigeantes et dirigeants autochtones s’ils choisissent d’en faire partie travaillera avec les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux pour s’attaquer à divers dossiers. Par exemple, il veillera à ce que tous les enfants du Canada puissent fréquenter leur école en personne et y recevoir une éducation publique de qualité, financée par l’État, et se penchera sur la coordination de programmes nationaux pour combattre la pauvreté et le racisme, et faire avancer la vérité et la réconciliation. 

Tandis que je réfléchis au travail qui nous attend, au thème de la Journée des droits de la personne de cette année et à tout ce que le Canada doit encore faire pour parvenir à une véritable réconciliation, je me dis que le personnel enseignant, les organisations de l’enseignement et l’éducation publique ont un rôle crucial à jouer. Et, bien que nous fassions de notre mieux pour que nos enseignantes et enseignants se familiarisent avec le concept de réconciliation, qu’ils s’en soucient et qu’ils fassent preuve de la diligence voulue en salle de classe, nous devons également nous assurer que les classes des communautés autochtones reçoivent tout l’attention nécessaire. 

Le Canada doit faire mieux. Prenons ensemble les mesures nécessaires pour y parvenir. 

Pour en apprendre davantage sur les priorités de la campagne et plus encore, et pour savoir comment vous pouvez encourager votre gouvernement provincial ou territorial à agir, visitez https://www.voteeducation.ca/fr/

Photo: Taufiq Klinkenborg

La Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants

Fondée en 1920, la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants est la voix nationale de la profession enseignante. Alliance nationale d’organisations provinciales et territoriales de l’enseignement, la CTF/FCE représente plus de 365 000 enseignantes et enseignants des écoles élémentaires et secondaires au Canada.

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Andrew King
Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants (CTF/FCE)
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