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Aller au-delà de la petite tape sur l’épaule : une nouvelle ressource en ligne pour aider les enseignantes à assumer un rôle de direction dans leur organisation professionnelle

| Action politique, Équité entre les genres, Solidarité

Plongeons un peu en arrière, à l’époque de mes études secondaires, quand j’ai brigué un siège au conseil des élèves. Un beau soir, un groupe de jeunes femmes s’est présenté à ma porte pour m’aider à préparer des formules accrocheuses et des affiches de campagne percutantes. Je me souviens avoir pensé : « waow!», parce que je ne leur avais même pas demandé d’aide! Leur soutien inattendu a gonflé mon moral en me permettant d’être témoin du pouvoir des femmes qui œuvrent ensemble à l’atteinte d’un but commun. Détail amusant : je ne me souviens pas avoir remporté l’élection, mais je me rappelle avec tendresse les bons moments passés à travailler toutes ensemble ce soir d’automne.

À présent, faisons un bond en avant de 30 ans, vers le temps que j’ai passé au poste de directrice des communications à la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants (FCE-CTF), de janvier 2000 à octobre 2018. J’ai eu la chance et le privilège de travailler aux côtés de femmes formidables au sein de la FCE-CTF, des organisations membres, de l’Internationale de l’Éducation et du mouvement syndical au sens plus large. Là encore, j’ai vu à l’œuvre le même principe de la collaboration entre femmes que j’avais observé le soir de la campagne pour l’élection au conseil des élèves de mon école secondaire.

J’ai récemment lu un article en anglais publié dans le magazine Forbes, « Power of the Pack: Women who support women are more successful » (Le pouvoir du collectif : les femmes qui soutiennent les femmes réussissent mieux), qui mentionne une récente étude de l’Université Harvard. Selon cette étude, l’une des façons pour les femmes de surmonter quelques-uns des obstacles systémiques et culturels qu’elles rencontrent consiste à [traduction libre] « nouer des liens étroits avec d’autres femmes, qui peuvent partager leur expérience de femmes qui sont passées par là et ont appris à demander leur dû et à mettre leurs talents uniques au service du leadership ».

Pendant mes 18 ans à la FCE-CTF, j’ai considéré celle-ci comme un catalyseur pour instaurer un changement et pour relier les femmes membres et dirigeantes de la profession enseignante à l’échelle nationale. Voici pourquoi.

Quand je suis arrivée à la FCE-CTF, le Comité consultatif de la condition féminine avait été dissout bien avant. Il a fallu attendre 2006 pour qu’il soit réinstauré à l’Assemblée générale annuelle de la FCE-CTF. L’un des buts du Comité consiste à : « conseiller le Comité exécutif quant aux orientations, aux stratégies, aux principes directeurs et aux règlements à long terme qui ont trait à la condition des femmes en éducation ».

Il était on ne peut plus logique de ressusciter ce comité étant donné que les femmes représentent près de 72 % du personnel enseignant de la maternelle à la 12e année au Canada. En outre, les femmes étaient (et sont encore) sous-représentées aux assemblées générales annuelles et aux réunions du Conseil d’administration. C’est par l’intermédiaire du Comité consultatif de la condition féminine, du Symposium sur les questions féminines et du Caucus des femmes que la FCE-CTF rassemble les organisations membres en vue de faciliter les échanges d’idées et de stratégies, et d’élaborer des principes directeurs.

Après un remaniement interne en 2009, j’ai été désignée comme agente de liaison administrative du Comité, rôle que j’ai tenu avec fierté jusqu’à ma retraite. Certes, j’ai aimé mon rôle dans les communications, mais le travail que j’ai accompli au service du Comité de la condition féminine a été le meilleur aspect de ma carrière à la FCE-CTF, non seulement en raison de l’étendue et de la profondeur des connaissances que j’ai acquises, mais aussi grâce aux femmes formidables que j’ai rencontrées en chemin.

J’ai assisté à la constitution de solides cercles de confiance et de coopération entre les dirigeants et dirigeantes de la profession enseignante, les membres de cette profession, les organisations membres et le personnel de la FCE-CTF. Oui, nous avons rencontré des difficultés et des obstacles sur notre route : après tout nous ne sommes que des êtres humains. Cependant, au final, chacune et chacun était résolu à promouvoir et à soutenir les droits des femmes et des filles.

Voici quelques exemples illustrant la solidarité et l’engagement remarquables des organisations membres :

Et à présent, une nouvelle initiative vient s’ajouter à cette liste de collaboration et de soutien :

Présentation de Fem•Lead•Fém, une ressource complète sur le Web pour le leadership des femmes lancée le 3 juin à Vancouver (Colombie-Britannique) à l’occasion du Symposium sur les questions féminines de la FCE‑CTF, consacré en 2019 au thème « Les femmes, bâtisseuses de l’éducation publique ».

C’est l’an dernier, au Symposium de 2018, qu’est née l’idée de cette ressource. Ce symposium rassemblait plus de 80 femmes, membres et dirigeantes de la profession enseignante, à Charlottetown, afin de partager des idées et des stratégies sur les campagnes électorales, la manière de concilier vie professionnelle et vie privée, et les stratégies efficaces de négociation collective, et d’en apprendre plus sur les initiatives de mentorat destinées à inciter davantage de jeunes femmes à se joindre à nous.

La nouvelle ressource de la FCE-CTF fait sienne la devise d’À voix égales : « Soyez cette femme. Appuyez-la. Rendez-lui hommage. » Elle propose non seulement une approche pragmatique pour déployer des stratégies efficaces pour une campagne électorale, mais en plus elle donne des conseils galvanisants dans des témoignages vidéo livrés par des dirigeantes de la profession enseignante qui « sont passées par là, et ont acheté le t-shirt ». Avec le temps, cette ressource bilingue va grandir et s’étendre pour devenir une banque fiable d’idées et de stratégies taillées sur mesure pour les femmes au sein des organisations de l’enseignement.

En incitant davantage de femmes à concourir pour un poste au sein des organisations de l’enseignement, nous espérons faire augmenter la représentation des femmes au gouvernail politique de la FCE-CTF et des organisations membres. Donner une petite tape amicale sur l’épaule des femmes est certainement un moyen de les encourager à se lancer dans la course. Cependant, il faut aussi les aider en leur fournissant les outils et les stratégies qui les rendront plus efficaces.

En ce qui me concerne, je continuerai de soutenir les femmes qui cherchent à obtenir des postes à responsabilités dans ma collectivité. Lors des élections municipales de l’automne dernier, j’ai soutenu la candidate Emilie Coyle en allant frapper aux portes et en distribuant des tracts. Une fois encore, le cercle de collaboration et de soutien formé par les femmes ayant participé à sa campagne a été une source d’inspiration. J’ai rencontré des jeunes femmes brillantes qui reprennent le flambeau de ma génération. Emilie n’a pas été élue, mais elle a donné à son adversaire des sueurs froides en comblant largement le fossé des résultats par rapport à l’élection municipale précédente.

Peu de temps après que j’aie commencé à rédiger cet article, la directrice de campagne d’Emilie est venue me demander de travailler sur la campagne d’une autre femme extraordinaire dans ma circonscription pour la prochaine élection fédérale. Donc, je collaborerai une fois de plus avec la même équipe de femmes déterminées afin de soutenir Angella MacEwen, économiste principale au Syndicat canadien de la fonction publique, qui sera candidate pour le Nouveau Parti démocratique.

Alors, je tiens à remercier chaleureusement toutes les jeunes femmes qui m’ont soutenue il y a si longtemps, en 1973 – Bonnie, Louise et Moira. Merci à toutes les femmes chefs de file qui ont laissé une telle empreinte dans ma vie.


Francine Filion est l’ancienne directrice des Communications à la FCE-CTF, de 2000 à 2018.

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