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Des enseignantes accompagnaient les Héritières du suffrage lorsque celles-ci ont pris leur place à la Chambre des communes

| Action politique, Équité entre les genres, Militantisme

Agnes McPhail, enseignante et syndicaliste, également la première femme députée au Canada, aurait été heureuse le 8 mars 2017.

Au total, 338 jeunes femmes âgées de 18 à 23 ans, représentant chacune des circonscriptions fédérales, ont marché jusqu’à la Chambre des communes où elles ont pris place dans le siège réservé à leur circonscription. La cérémonie a été organisée pour marquer le centenaire du droit des Canadiennes de voter et nous rappeler que, malgré la progression de la participation politique des femmes au Canada, celles-ci continuent d’être sous-représentées, et souvent de beaucoup, dans les assemblées législatives fédérale, provinciales et territoriales du Canada. L’évènement, appelé « Héritières du suffrage », a été lancé par À voix égales, une organisation à but non lucratif multipartite qui s’emploie à faire élire davantage de femmes dans les diverses instances politiques du Canada


La directrice générale d’À voix égales, Nancy Peckford, et l’agente de liaison principale du chapitre du Québec et des communautés francophones, Catherine Fortin Lefaivre

Au nombre des principaux partenaires d’À voix égales, la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants (FCE) s’est jointe au projet dès les premières étapes de la planification et y a contribué au moyen de dons et de services en nature, en plus d’organiser l’appui du corps enseignant. Comme le fait remarquer la secrétaire générale de la FCE, Cassie Hallett, « la FCE et ses organisations Membres se sont vite intéressées au projet en raison de l’importance du principe de l’égalité entre les sexes pour elles — surtout que la plupart de leurs membres sont des femmes. Comme les dossiers qui relèvent de la condition féminine intéressent aussi la société en général, il serait logique que les femmes soient plus nombreuses à participer aux décisions dans l’arène gouvernementale. »

En plus d’avoir versé plus de 35 000 $ pour couvrir les frais d’hébergement des Héritières, les organisations Membres de la FCE ont parrainé des enseignantes pour qu’elles accompagnent les Héritières en qualité d’enseignantes animatrices pendant la journée consacrée aux enjeux politiques.

Le 6 mars, séance d’orientation à la FCE


Enseignantes animatrices à la séance d’orientation du 6 mars à la FCE

Les enseignantes sont donc arrivées à Ottawa le 6 mars, fortes de leurs compétences, de leur souplesse et de leur enthousiasme. La séance d’orientation devait les préparer à animer les discussions de groupe du lendemain. Elle leur a aussi permis de se familiariser avec les grands dossiers que les Héritières du suffrage avaient jugés prioritaires : égalité des filles et des femmes, droits de la personne, violence faite aux femmes, soins de santé (y compris la santé mentale), environnement et changement climatique, réconciliation, engagement démocratique, développement international et affaires étrangères, science et innovation, et droits des minorités linguistiques. Les enseignantes animatrices ont jugé extrêmement précieuse cette occasion qu’elles ont eue d’apprendre à se connaître et de nouer des liens avec les Héritières, l’organisation À voix égales et les représentantes et représentants fédéraux.

Le 7 mars, journée consacrée aux enjeux politiques


Séance de discussion avec les Héritières

Pour chacune des séances, les spécialistes des thèmes examinés ont commencé par une courte présentation. Elles ont ensuite invité les Héritières à poser des questions. Les enseignantes animatrices ont présidé certaines des séances, animé les discussions et pris des notes en quantité pour les partager ensuite avec À voix égales.

Le 8 mars, Journée internationale de la femme


La marche des Héritières le long de la rue Wellington jusqu’à la Colline du Parlement (photo de Winona Waldron)

Enfin, le grand jour est arrivé et, avec lui, l’aboutissement de tout ce travail : l’entrée historique des Héritières à la Chambre des communes! Par un matin frisquet et ensoleillé, les Héritières ont débuté leur marche vers la Colline du Parlement, suivies de près par les enseignantes animatrices et leurs supporters.


Olivia Hamilton, Héritière du suffrage, et son enseignante de maternelle, Heather Smith, maintenant présidente de la FCE, se sont retrouvées lors de l’évènement.

La présidente de la FCE Heather Smith a expliqué le fort caractère symbolique de l’accompagnement des Héritières par des enseignantes à l’aube de leur vie politique. « La plupart de ces jeunes femmes sont un jour passées dans nos classes. Nous avons trouvé très touchant de les voir franchir encore une étape de leur vie. De fait, j’ai eu la meilleure des surprises quand j’ai reconnu parmi elles mon ancienne élève de la maternelle Olivia Hamilton, représentant la circonscription d’Acadie-Bathurst, au Nouveau-Brunswick. »

Une fois à l’intérieur, les enseignantes sont montées à la tribune tandis que les Héritières s’asseyaient à la place de leur députée ou député.

« Nous avons vécu de nombreux moments très inspirants, mais le fait de voir 338 femmes prendre place à la Chambre des communes, plus que le nombre total de femmes élues depuis les débuts du Canada, m’a émue aux larmes. Cet évènement nous a rappelé l’importance d’encourager davantage de femmes à assumer des rôles de direction et de dénoncer et d’éliminer les obstacles systémiques qui les en empêchent », a expliqué Winona Waldron, de la Fédération des enseignantes et des enseignants de la Colombie-Britannique (FECB)*.

Trente jeunes femmes ont été choisies pour prendre la parole à la Chambre des communes et faire chacune une déclaration d’une minute sur des dossiers importants pour elles. Les thèmes qu’elles avaient choisis sont allés de l’islamophobie aux droits de la personne, en passant par la vérité et réconciliation et l’égalité entre les sexes.


Présence historique à la Chambre des communes

« Ces jeunes femmes étaient articulées, éloquentes, passionnées et très soucieuses de s’encourager les unes les autres au point que même le Président de la Chambre a été impressionné et s’est dit que les députées et députés pourraient prendre des leçons de bienséance auprès d’elles », a révélé Heide Doppmeier, enseignante animatrice de l’Alberta Teachers’ Association (ATA)*.

« En 150 ans, 319 femmes seulement ont été élues au Parlement du Canada. C’est la raison pour laquelle j’ai trouvé si incroyablement émouvant de voir ces 338 jeunes femmes âgées de 18 à 23 ans, les Héritières du suffrage, marcher ensemble jusqu’à la Colline du Parlement pour prendre la place des députés et députées », a ajouté Susan Fonseca, de la FECB*.

La première femme première ministre du Canada, Kim Campbell, s’est adressée aux Héritières à qui elle a dit : [traduction libre] « Nous nous faisons une idée du fonctionnement du monde à partir du contexte dans lequel nous évoluons. Et si ce contexte n’inclut pas de femmes parlementaires, dirigeantes, gestionnaires ou administratrices…, quand nous voyons des femmes occuper ce genre de poste, nous sommes mal à l’aise. »

Les chefs des partis fédéraux se sont aussi adressés à tour de rôle aux Héritières. Le premier ministre Justin Trudeau, quant à lui, a invité les Héritières à lui poser des questions, ce qu’elles ont fait avec respect mais sans complaisance.

« Ces jeunes femmes sont intelligentes, créatives et fortes, et elles étaient bien préparées. Elles n’ont pas eu peur de soulever toutes les questions difficiles, mais néanmoins importantes, auxquelles le Canada doit répondre s’il veut offrir à ses citoyens et citoyennes un pays et un monde meilleurs », a affirmé Sonja Van Der Putten, de la FECB*.

Heather McCaig de l’ATA a ajouté le commentaire suivant : « J’ai trouvé très inspirant de voir ces jeunes femmes si pleines d’énergie et de passion, si désireuses d’améliorer leur pays*. »

Les prochaines étapes

Après cette présence historique à la Chambre, les enseignantes animatrices se sont réunies pour une séance récapitulative. Elles ont convenu que le corps enseignant devait s’engager davantage auprès de l’organisation À voix égales à l’échelon provincial-territorial pour encourager les femmes à se présenter comme candidates aux élections.

L’enseignante animatrice Susan Swackhammer, de la Fédération des enseignantes et des enseignants de l’élémentaire de l’Ontario, a invité les organisations de l’enseignement à reconnaître l’avantage de compter davantage de femmes dans des postes de direction : « Une fois que cette reconnaissance sera acquise, il sera possible de mettre en place des programmes et des budgets pour encourager et mieux former les femmes afin qu’elles aient suffisamment confiance en elles pour relever le défi. »

Pour Connie Keating, enseignante en région rurale au Nouveau-Brunswick et « mordue de politique » pour reprendre ses propres termes, cette chance qu’elle a eue de participer à la marche historique vers la Colline du Parlement la Journée internationale de la femme va marquer sa mémoire à tout jamais. « J’ai encore plus envie de continuer à encourager les jeunes femmes que je rencontre jour après jour à assumer des rôles de chef et peut-être même à songer à une carrière politique. Après cette expérience, que ce soit auprès de mon organisation de l’enseignement ou lors d’une élection, je me vois très bien jouer un rôle de chef ou présenter ma candidature*. »

Oui, nous pouvons toutes le faire. Parfois, tout ce qu’il nous manque est une petite tape d’encouragement, un programme ou un cours, ou un évènement qui nous ouvre les yeux comme celui-ci pour allumer en nous l’étincelle de l’activisme politique. Cet évènement est une invitation à toutes les femmes de la profession enseignante pour qu’elles songent à se présenter à des postes politiques dans leur communauté, leur circonscription ou même leur organisation de l’enseignement, aux échelons local, provincial ou territorial, ou même national, à la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants. Dans une profession où les femmes sont nettement majoritaires comme la nôtre, nous devons avoir plus de femmes dans les postes de direction. Il est temps de passer à l’action!

Enseignantes animatrices (par organisation, en ordre alphabétique)

Alberta Teachers’ Association (The)

Elaine Willette-Larsen
Heide Doppmeier
Heather McCaig
Margaret A Shane

Association provinciale des enseignantes et enseignants du Québec

Julie Montpetit

Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants

Heather Smith
Cassandra Hallett

Fédération des enseignantes et enseignants de la Colombie-Britannique

Deborah Morran
Susan Ruzic
Winona Waldron
Susan Fonseca
Sonja Van der Putten

Fédération des enseignantes et des enseignants de la Saskatchewan

Miranda Field

Fédération des enseignantes et des enseignants de l’élémentaire de l’Ontario

Susan Swackhammer
Karen Campbell
Nancy Lawler
Diane Dewing
Sharon O’Halloran
Colleen Lee

Manitoba Teachers’ Society (The)

Carmen Rohne
Ellen Dale
Danielle Fullan Kolton
Suzanne Jolicoeur
Pam Stinson
Susannah Mueller

New Brunswick Teachers’ Association

Constance (Connie) Keating
Ardith Shirley

Newfoundland and Labrador Teachers’ Association

Jeanne Williams
Beverley Park

Nova Scotia Teachers Union

Pamela Langille
Shelley Morse

Ontario English Catholic Teachers’ Association

Ann Hawkins

Prince Edward Island Teachers’ Federation

Bethany Macleod

Syndicat des enseignantes et enseignants du programme francophone de la Colombie-Britannique

Hamida Bendriss
Sylvie Liechtele

*Ces citations des enseignantes sont déjà parues dans des publications de leurs organisations de l’enseignement respectives. La FCE remercie ces dernières de l’avoir autorisée à les publier de nouveau dans cet article. Vous trouverez dans la barre latérale ci-dessus les liens vers les articles originaux.


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