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Enseigner aux filles dans une classe branchée : une collaboration avec l’eQuality Project

| Droits de la personne, Équité entre les genres

Si vous passez du temps avec les filles, vous savez qu’elles sont de grandes adeptes des technologies sociales. Comparativement à leurs camarades masculins, les adolescentes dominent dans les sites de médias sociaux populaires comme Instagram, Twitter et Snapchat. Une étude menée en 2012 révèle que l’adolescente ou adolescent moyen envoie environ 60 textos par jour, tandis que les adolescentes plus âgées, elles, en envoient près d’une centaine. On peut affirmer sans craindre de se tromper que ces chiffres n’ont fait qu’augmenter au cours des cinq dernières années. Des études récentes font également observer que les filles sont plus susceptibles que les garçons d’être la cible de cyberattaques à caractère sexuel. Les jeunes handicapés, allosexuels, autochtones et issus des minorités raciales sont aussi particulièrement vulnérables à la cyberviolence. Que signifient ces réalités pour les personnes qui enseignent dans une classe branchée?

Forts de leur expérience, les enseignantes et enseignants comprennent les capacités des jeunes et les conflits auxquels ces derniers doivent faire face. De par leur rôle, ils guident les filles dans leurs expériences éducatives et les aident à reconnaître leur droit à l’égalité dans le monde numérique.

Disons d’abord que les membres du personnel enseignant et les filles, en particulier celles issues d’une des communautés en quête d’égalité susmentionnées, bénéficient d’occasions d’apprentissage réciproques en matière de communication, d’éducation et d’harmonisation de la vie en ligne et hors ligne, ce que les jeunes arrivent si bien à faire. Forts de leur expérience, les enseignantes et enseignants comprennent les capacités des jeunes et les conflits auxquels ces derniers doivent faire face. De par leur rôle, ils guident les filles dans leurs expériences éducatives et les aident à reconnaître leur droit à l’égalité dans le monde numérique. De leur côté, les filles, avec leurs connaissances d’expertes et leur expérience des communautés virtuelles, ont beaucoup à apprendre aux enseignantes et enseignants, qui ne sont peut-être pas toujours au fait des dernières tendances et des pratiques en ligne des élèves.

Ces dernières années, bon nombre de provinces et territoires du Canada ont modifié leurs lois, leurs règlements et leurs politiques sur l’éducation afin d’obliger explicitement les écoles et les conseils et commissions scolaires à élaborer des pratiques et des principes directeurs visant à offrir des milieux sûrs et inclusifs aux élèves de tous horizons, tout en encourageant l’utilisation des technologies en salle de classe. De plus, dans un mouvement qui s’étendra probablement à l’ensemble du Canada, l’Alberta, le Manitoba, le Nouveau-Brunswick, les Territoires du Nord-Ouest, la Nouvelle-Écosse, l’Ontario et le Québec ont adopté des dispositions législatives précisément pour contrer la cyberintimidation. Dans certaines régions, les enseignantes et enseignants ont le pouvoir d’intervenir en cas de cyberintimidation en dehors des heures de classe, si la situation en question a une incidence sur la culture et l’environnement d’apprentissage de l’école. Par conséquent, de nombreux membres du personnel enseignant se retrouvent en première ligne à montrer à leurs élèves comment utiliser les nouvelles technologies, puis à intervenir quand les choses tournent mal.

Ces changements ont vu le jour en partie parce que le personnel enseignant est bien placé pour se pencher sur les relations légales et éthiques des jeunes avec les espaces numériques. Les spécialistes de la cyberintimidation et de la cyberviolence ont reconnu maintes et maintes (PDF – 1,73 Mo) fois que les enseignantes et enseignants peuvent aider les filles à évaluer les risques et les bienfaits des espaces numériques. Afin de bien répondre aux besoins des filles, les enseignantes et enseignants doivent, d’une part, nouer le dialogue avec des filles de toutes les communautés et les écouter pour mieux comprendre ce qu’elles vivent en ligne et, d’autre part, tenir compte de leurs points de vue en ce qui concerne les interventions pédagogiques qu’elles jugent susceptibles de réussir ou, au contraire, d’échouer.

Parce qu’ils peuvent apprendre de l’expérience des filles et tirer parti du matériel de formation professionnelle continue axé sur les droits de la personne mis à leur disposition, les enseignantes et enseignants sont bien placés pour sensibiliser les élèves à la citoyenneté numérique et au droit égal des filles de s’investir dans ce monde numérique qui est le nôtre.

Le dialogue en milieu scolaire sur ces questions ouvre toutes sortes de possibilités, dont celle de faire participer les filles à l’élaboration d’outils éducatifs fondés sur leurs expériences, leurs besoins et leurs aspirations. Des études menées par l’eGirls Project et l’eQuality Project montrent que les filles ont conçu des outils pour savoir reconnaître les interactions problématiques en ligne et les gérer. Les expériences que les filles vivent dans les communautés en ligne constituent une ressource largement inexploitée pour les enseignantes et enseignants qui veulent aider les jeunes à améliorer leurs compétences civiques dans le monde numérique.

Heureusement, les membres du personnel enseignant ont aussi accès à un nombre grandissant d’outils pédagogiques et de principes directeurs élaborés par des organisations comme la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants et HabiloMédias, qui traitent de cyberintimidation, fournissent des cadres de littératie numérique et offrent des lignes directrices au personnel concernant l’utilisation des médias sociaux en salle de classe. Malgré tout, il n’est pas toujours facile de parler de cyberviolence et des formes de discrimination — racisme, sexisme, homophobie… —, souvent à la base de cette violence. Un examen des causes profondes plutôt qu’une approche strictement réactive ou punitive en réponse à des situations particulières est une tâche nécessaire mais difficile qui peut être facilitée par une collaboration multisectorielle. Et c’est exactement cette sorte de collaboration que l’eQuality Project cherche à encourager.

L’eQuality Project est un projet de partenariat financé par le Conseil de recherches en sciences humaines qui réunit des universitaires, des enseignantes et enseignants, des responsables des politiques, des organisations à but non lucratif et des jeunes. Ensemble, ces personnes cherchent à comprendre comment assurer l’égalité en ligne aux jeunes Canadiens et Canadiennes. Elles étudient pour ce faire des questions comme la cyberviolence et les façons dont l’aménagement général de l’environnement numérique façonne les interactions entre les personnes et, dans certains cas, les place en situation de conflit. Fondé sur la collaboration, ce projet a pour but d’élaborer des ressources et de mettre en place des pratiques exemplaires à la lumière de l’expertise d’enseignantes et enseignants et d’élèves qui examinent la citoyenneté numérique sous l’angle des droits de la personne. Des activités sont destinées aux enseignantes et enseignants, aux responsables des politiques, aux organismes gouvernementaux et aux organisations privées, par exemple l’atelier Privacy Implications in the Networked Classroom, offert par l’Alberta Teachers’ Association, partenaire du projet, grâce au soutien du Big Data Project et de l’Office of the Information and Privacy Commissioner of Alberta.

Pour de plus amples renseignements sur les possibilités de recherche, les ateliers et les occasions de participation, nous vous invitons à consulter le site Web de l’eQuality Project, à vous inscrire à notre liste de diffusion ou à nous suivre sur Twitter @eQuality_ca.


Note de la rédaction : La Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants est fière d’appuyer l’eQuality Project par des activités de recherche, d’analyse et de communication.


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