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La Conférence mondiale des femmes de l’Internationale de l’Éducation met l’accent sur la place des femmes dans les syndicats et la société

| Équité entre les genres, Profession enseignante, Syndicalisation

Plus de 300 personnes, y compris une petite délégation de porte-paroles de la profession enseignante membres de la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants (FCE), se sont rassemblées à la Conférence mondiale des femmes de l’Internationale de l’Éducation (IE), à Marrakech, au Maroc, du 5 au 7 février 2018, pour discuter et tenter de répondre à l’épineuse question : Pourquoi, en 2018, y a-t-il encore si peu de femmes dans les plus hauts postes de direction, et ce quel que soit le secteur?

Prenant la parole sur le thème de cette année, « Trouver son chemin “dans le labyrinthe” : Femmes, Éducation, Syndicats et Leadership », la présidente de l’IE Susan Hopgood a fait la déclaration suivante : « Nous tenons aujourd’hui notre troisième Conférence mondiale des femmes de l’IE, alors que se referme tout juste une année que beaucoup qualifient “d’année de soulèvement pour les droits des femmes à travers le monde”. 2017 nous a montré qu’aux quatre coins du globe, les femmes veulent briser le silence! »

Elle a expliqué pourquoi le thème de la Conférence s’inspire du labyrinthe : «  Nous considérons en effet le chemin qui mène à ces postes comme un labyrinthe dont doivent s’extraire les femmes, plutôt que comme un plafond de verre à traverser; cette conception permet de voir plus clairement les difficultés et les défis auxquels elles doivent faire face lorsqu’elles cherchent à faire évoluer leur carrière. »

« La concrétisation de l’égalité des sexes dans le monde du travail, a-t-elle fait observer, implique l’égalité des chances entre femmes et hommes en matière d’avancement professionnel, mais aussi afin de jouir pleinement de leurs droits humains et de contribuer au développement économique, social, culturel et politique, tout en bénéficiant de celui-ci. »

« Le moment est venu de s’assurer que le vent du changement continue de souffler avec la même intensité sur le monde, et que les femmes sont pleinement représentées aux niveaux de direction et de prise de décision les plus élevés au sein des syndicats, de l’éducation et de la société », a ajouté la présidente de l’IE.

Revendiquer un espace qui nous est propre

« Nous ne resterons plus silencieuses. » Tel est le cri de ralliement des femmes d’aujourd’hui selon Ulrike Lunacek, ancienne vice‑présidente du Parlement européen.« L’autonomisation économique est nécessaire pour les femmes, car la pauvreté les empêche de faire carrière », a-t-elle souligné. Ajoutant que nous avons besoin de femmes dans les hautes sphères politiques, elle a indiqué que, dans le monde, les femmes ne représentent que 20 % des parlementaires et 10 % des ministres. Il est intéressant de noter que 47 % des chefs d’État sont des femmes, mais ce chiffre reflète le grand nombre de monarques.


Ulrike Lunacek, ancienne vice-présidente du Parlement européen

Les femmes ont besoin que les hommes soient leurs alliés, a expliqué Ulrike Lunacek, et elles ont également besoin d’un espace qui leur est propre pour s’épanouir, élaborer des stratégies et avancer. Mais, « pour revendiquer cet espace, il faut du courage », a‑t‑elle ajouté.

D’après elle, la société et les syndicats ont besoin de structures pour soutenir les femmes, et il est nécessaire d’instaurer des quotas. « À toutes les femmes qui ne veulent pas devoir leur place, ou leur présence au sein d’une instance, à une règle établissant des quotas, je dis “Combien d’hommes sont à leur poste juste parce qu’ils sont des hommes, et non pas parce qu’ils sont les meilleurs?” Nous avons besoin de quotas pour amener les femmes à des postes de direction et les y garder; les filles peuvent ainsi y voir des modèles et nous pouvons changer les choses. »

« Les femmes doivent briguer un espace qui leur est propre, le revendiquer, et se l’approprier. De cette façon, nous, les femmes, sommes en mesure de rendre le monde meilleur pour tout un chacun », a-t-elle conclu.

Nous vous invitons à regarder les présentations de Susan Hopgood et d’Ulrike Lunacek, affichées sur YouTube (en anglais seulement).

Panel sur l’égalité des sexes, le pouvoir et le leadership

Au cours d’une inspirante séance de discussion, la secrétaire générale adjointe de l’IE Haldis Holst a invité les panélistes à expliquer comment elles sont devenues des dirigeantes influentes et comment elles exercent leur pouvoir de manière à mettre fin aux inégalités entre les sexes, tant dans le milieu de l’éducation que dans la société en général.


Haldis Holst, secrétaire générale adjointe de l’IE

La présidente de l’IE Susan Hopgood a parlé de son expérience en tant que dirigeante syndicale et a insisté sur le fait que, « dans le mouvement syndical, le pouvoir constitue un effort collectif qui émane des membres eux-mêmes et vise à atteindre un objectif commun ».

Nora Fyles, directrice du Secrétariat de l’Initiative des Nations Unies pour l’éducation des filles (de nationalité canadienne), a parlé des différents aspects du pouvoir (social, politique, etc.) ainsi que du besoin de déterminer la meilleure façon d’utiliser le pouvoir pour amener un changement et remédier aux inégalités entre les sexes. « Pour venir à bout du labyrinthe du leadership et du pouvoir, il faut entre autres apprendre à travailler au sein des organisations et à exercer un pouvoir invisible pour atteindre un objectif commun », a‑t‑elle indiqué.


Les panélistes Zohra Lhioui, membre du SNESup, Nora Fyles, de l’Initiative des Nations Unies pour l’éducation des filles, et Katja Iverson, de Women Deliver

Katja Iverson, présidente-directrice générale de Women Deliver, a, pour sa part, souligné l’importance de la collaboration et les avantages qu’il y a à utiliser le pouvoir pour unir les divers mouvements dans l’intérêt commun.

Zohra Lhioui, professeure à l’Université Moulay Ismaïl et membre du Syndicat national de l’enseignement supérieur (SNESup), au Maroc, a incité les femmes qui occupent des postes de direction à partager leur expérience avec d’autres et à servir de mentores aux jeunes générations.

#MoiAussi : Les voix du mouvement syndical de l’éducation

La dernière séance plénière de la Conférence a été animée par Dianne Woloschuk, ancienne présidente de la FCE et présidente du Comité de la promotion des femmes de l’IE. Dianne Woloschuk a parlé du mouvement #MoiAussi en situant le Canada et les États-Unis dans un contexte plus large. La séance a été particulièrement émouvante en raison des témoignages de deux panélistes qui ont parlé des expériences de violence sexuelle qu’elles ont vécues. Les panélistes, appartenant à des organisations membres de l’IE au Bélize, au Botswana, en Bulgarie, aux Philippines et en Suède, ont également évoqué l’ampleur de l’impact de la campagne #MoiAussi dans leur pays et présenté les mesures que prennent leurs syndicats pour s’attaquer au problème de la violence sexiste en milieu de travail.


Dianne Woloschuk, représentante de la FCE au Bureau exécutif de l’IE et présidente du Comité de la promotion des femmes de l’IE, en compagnie de panélistes venues parler de leur contribution au mouvement #MoiAussi

Quatre enseignements à retenir

Dans son allocution de clôture, la présidente de l’IE Susan Hopgood a exhorté les participantes à suivre les quatre enseignements suivants après leur départ de Marrakech :

  • Assumez votre rôle de direction de manière à faire progresser l’égalité entre les hommes et les femmes dans votre syndicat et le milieu de l’éducation;
  • Mentorez quelqu’un et cherchez quelqu’un pour vous mentorer. Le mentorat est un aspect essentiel non seulement du cheminement des femmes qui aspirent à des postes de direction, mais aussi du maintien en fonction des femmes qui occupent de tels postes. Il assure également à celles-ci un soutien solide et permet d’alimenter en permanence un bassin de dirigeantes en devenir;
  • Devenez activiste et tentez de convaincre d’autres personnes de faire de même;
  • Veillez à atteindre un bon équilibre travail-vie. Ne vous épuisez pas au travail : cela vous empêcherait de faire changer les choses.


Les déléguées de la FCE à la Conférence : (De gauche à droite) Nancy Lawler, Dianne Woloschuk, Miranda Field, Francine LeBlanc-Lebe, Teri Mooring, Bethany MacLeod et Liz Stuart.

Pour obtenir de plus amples renseignements au sujet de la Conférence, veuillez cliquer ici.

Le présent article s’inspire des trois articles suivants :

Certaines parties de la Conférence ont été diffusées en direct et peuvent être regardées sur la chaîne YouTube de l’IE à l’adresse https://www.youtube.com/user/EduInternational/videos.

À retenir

Francine LeBlanc-Lebel, vice-présidente de la FCE et présidente du Comité consultatif de la condition féminine de la FCE
Fantastique! Ces femmes dégageaient une telle énergie! Et elles se sont penchées avec une grande solidarité sur les difficultés que vivent les femmes du monde entier au chapitre de l’éducation et de l’équité. Les conférencières ont parlé avec conviction de leur expérience de la direction. J’ai particulièrement aimé l’échange de conseils à l’intention des femmes qui assument des rôles de direction. Nous devons continuer de déployer tous les efforts nécessaires pour prendre notre place. Je vais me souvenir que les femmes doivent utiliser leur POUVOIR comme un outil positif pour améliorer les choses. Beaucoup de changements sont encore nécessaires pour améliorer la condition des femmes dans le monde. J’ai aussi eu la chance de faire connaissance avec des personnes du monde entier.

Bethany MacLeod, présidente de la PEITF et vice-présidente de la FCE
La conférence m’a vraiment fait prendre conscience de l’importance de redoubler d’efforts pour que davantage de femmes accèdent à des postes de direction. Les conférencières étaient inspirantes et intéressantes, et les séances ont permis d’entendre des femmes occupant différents postes de direction. Il y a des femmes extraordinaires qui méritent amplement d’occuper de tels postes mais, souvent, elles se laissent décourager par d’autres ou se sentent intimidées. Pour mettre fin aux inégalités entre les sexes, nos organisations doivent créer des postes réservés aux femmes.

Liz Stuart, présidente de l’OECTA et membre du Comité consultatif de la condition féminine de la FCE
Cette conférence a été une formidable occasion de discuter avec des femmes des quatre coins du monde et de mieux comprendre ce que vivent nos sœurs. La séance qui m’a le plus touchée a été celle sur le mouvement #MoiAussi. Je suis plus convaincue que jamais que nous, les syndicats, devons prendre des mesures concrètes, à commencer par des mesures internes. Nous ne pouvons pas imposer aux autres des normes que nous n’observons pas nous-mêmes. Il est également important que les femmes travaillent ensemble et se soutiennent mutuellement au lieu de se voir comme des adversaires. Nous devons revendiquer notre espace et, comme l’a dit la présidente de l’IE Susan Hopgood, nous devons apprendre les unes des autres : « mentorez quelqu’un et cherchez quelqu’un pour vous mentorer! »

Nancy Lawler, vice-présidente de la FEEO et membre du Comité consultatif de la condition féminine de la FCE
Voici ce que je retiens de l’évènement :

  • Ayons bien conscience de nos actes et assumons notre rôle de direction de manière à faire progresser l’égalité;
  • Nous avons toutes et tous la responsabilité de promouvoir l’égalité des sexes;
  • Mentorons quelqu’un et cherchons quelqu’un pour nous mentorer; c’est un pouvoir collectif;
  • Devenons activiste et tentons de convaincre d’autres personnes de faire de même;
  • Visons l’équilibre; si nous travaillons trop, nous ne pourrons pas aider les autres.

Participer à un évènement comme celui-ci me fait comprendre à quel point je suis chanceuse de faire partie de la FEEO. Cette dernière devrait être fière du travail qu’elle accomplit en faveur du leadership des femmes et de l’égalité. Je reconnais aussi combien je suis chanceuse de vivre au Canada et me rends compte qu’il ne faut jamais tenir ce que l’on a pour acquis.

Teri Mooring, première vice-présidente de la FECB
Participer à cette conférence et discuter de leadership, d’autonomisation et du mouvement #MoiAussi avec des femmes des quatre coins du monde a été pour moi une occasion unique et un incroyable privilège. Les participantes ont parlé du grand besoin de mettre fin aux inégalités entre les sexes et à la violence et au harcèlement sexuels pour que davantage de femmes accèdent à des rôles de direction. J’ai trouvé inspirant d’entendre parler du travail proactif que réalisent les syndicats de l’enseignement et certains gouvernements pour créer des systèmes scolaires et des sociétés plus équitables.

Miranda Field, membre de la FES et du Comité consultatif de la condition féminine de la FCE
La Conférence a permis à des femmes de tous les âges de participer à des échanges francs sur le leadership (qu’est-ce que c’est, qu’est-ce que cela veut dire et comment les femmes peuvent y accéder). Ces échanges ont fait ressortir le fait qu’il n’y a pas qu’une seule bonne façon de s’engager dans la voie du leadership, mais qu’il faut continuer de nous servir de nos compétences et habiletés de la manière qui nous convient et qui convient à notre famille. Savoir que nous ne sommes pas seules dans cette aventure et avoir maintenant l’occasion de rencontrer des femmes fortes et intelligentes, et de travailler avec elles : voilà justement l’encouragement dont certaines d’entre nous avaient besoin. Les connaissances que nous avons acquises et les liens que nous avons créés nous permettront de bâtir des bases solides qui nous aideront à assumer des rôles de direction en éducation.


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