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Les enseignantes et enseignants de la Colombie-Britannique épousent le Projet du Cœur : La réconciliation par l’éducation

| Éducation autochtone, Ressources pédagogiques

Gladys Chapman avait 12 ans le 29 avril 1931 quand elle est morte à l’hôpital Royal Inland de Kamloops, en Colombie-Britannique. Sur son certificat de décès, le médecin M. G. Archibald indique que les causes du décès sont une « dilatation aiguë du cœur » et la tuberculose. Elle a mis « plusieurs jours » à mourir. La petite Gladys est morte toute seule, loin de chez elle, sans personne pour la réconforter.

Le plus tragique, c’est que des milliers d’enfants des pensionnats autochtones sont morts dans des conditions semblables. C’est ce que déplore la Commission de vérité et réconciliation du Canada dans un rapport mémorable où elle qualifie le traitement que le Canada a réservé aux Autochtones de « génocide culturel ».

Aujourd’hui, grâce au courage des survivantes et survivants, la vérité éclate enfin au grand jour dans les écoles et les communautés du pays. Enfin, le voile est levé sur les injustices, et la démocratie canadienne est là pour empêcher le déni. « En cette époque marquante de l’histoire, les enseignantes et enseignants de la Colombie-Britannique répondent aux 94 appels à l’action que la Commission a lancés », affirme le président de la Fédération des enseignantes et enseignants de la Colombie-Britannique (FECB), Jim Iker.

Jeune fille pointant à un canot de cèdre décoré de petits carreaux en bois.

Dans le cadre du Projet du Cœur, les membres de la FECB, dans plus de 500 écoles, ont invité des survivantes et survivants des pensionnats à venir raconter leur histoire aux élèves. Ceux-ci ont décoré de petites tuiles de bois, dont des milliers ont ensuite servi à composer une mosaïque pour orner un canot en thuya. Le canot commémoratif a été exposé une première fois au centre culturel U’mista, à Alert Bay, à l’ombre du triste pensionnat décrépit St. Michael’s. Au cours de l’été, il sera envoyé au lieu historique du Fort-Langley puis au Langley School District, où il pourra facilement devenir un but d’excursion scolaire.

Ces histoires de Gladys et du canot sont racontées dans le livre, en version imprimée et électronique, de la FECB intitulé Project of Heart: Illuminating the Hidden History of Indian Residential Schools in BC (en anglais seulement). Ce livre propose des liens vers des documents historiques, des articles, des photos, des vidéos, des idées de leçon et plus encore. On le met régulièrement à jour, en y ajoutant notamment des liens vers de nouvelles ressources comme le récent documentaire réalisé à la mémoire du médecin Peter Henderson Bryce (en anglais seulement), spécialiste de la tuberculose, qui a courageusement donné l’alerte au sujet de l’état de santé lamentable des enfants des pensionnats autochtones.

Depuis son lancement en août 2015, le livre a connu un succès très encourageant. Les quelque 10 000 exemplaires imprimés se sont envolés comme des petits pains, achetés par des déléguées et délégués syndicaux de la FECB, des facultés d’éducation, des membres du corps enseignant eux-mêmes, des groupes autochtones et bien d’autres. Une version française existe aussi sous le nom Projet du Cœur et les ressources qui l’accompagnent sont en cours de traduction. Plus de 30 000 lecteurs et lectrices de dix pays différents ont consulté la version en ligne. D’autres syndicats de l’enseignement, des syndicats du domaine de la santé et la British Columbia Federation of Labour ont voulu en savoir plus. Le juge en chef de la Cour provinciale de la Colombie-Britannique a même commandé un exemplaire du livre pour chacune et chacun des juges. Et la Canadian Association of Labour Media a récemment salué le projet en lui décernant son prix Breaking Barriers.

Toutes ces réactions montrent à quel point les Canadiennes et Canadiens sont nombreux à vouloir apprendre notre vraie histoire et même ses chapitres les plus sombres. Et les enseignantes et enseignants veulent intégrer du contenu autochtone dans les programmes d’études, mais ils ont besoin d’aide pour enseigner l’histoire et la culture autochtones avec intégrité et confiance. Ils ont beaucoup à apprendre et doivent pour cela faire un voyage dans le temps, mais aussi au plus profond de leur cœur.

Paulette Regan, directrice de la Recherche à la Commission de vérité et réconciliation du Canada, pose la question suivante, une question importante pour toutes les Canadiennes et tous les Canadiens, mais peut-être plus encore pour celles et ceux qui enseignent :

[Traduction] « Comment pouvons-nous, nous, les non-Autochtones, arriver à nommer puis à transformer le colon — pour ne pas dire le colonisateur — en nous et pas seulement dans nos mots, mais aussi dans nos actions, tandis que nous devons aujourd’hui faire face à l’histoire de colonisation, de violence, de racisme et d’injustice dont témoigne l’héritage des pensionnats autochtones? »

Un groupe de femmes se tenant derrière uncanot de cèdre décoré de petits carreaux en bois.

Ateliers connexes offerts (en anglais) par la FECB au personnel enseignant

  • Histoire et culture autochtones, parties 1 et 2
  • Créer des écoles sans racisme pour les élèves autochtones
  • Déconstruire les mythes
  • Explorer les relations entre les Autochtones et les non-Autochtones : l’exercice de la couverture de la Colombie-Britannique
  • Les points de vue autochtones
  • Intégrer du contenu autochtone, de la maternelle à la 7e année
  • L’héritage des pensionnats autochtones
  • Travailler avec les jeunes Autochtones

Nancy KnickerbockerDirectrice des communications et des campagnesFédération des enseignantes et enseignants de la Colombie-Britannique (FECB)
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