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Canadiennes et Canadiens d’origine africaine — Des icônes nationaux pour 2019

| Diversité, Justice sociale, Militantisme

Avant d’avoir notre nouveau billet de 10 $ orné du portrait d’une femme noire canadienne, nous avions institué une journée nationale en l’honneur d’un Afro-Canadien. Viola Desmond et l’honorable Lincoln Alexander sont issus de cette terre canadienne et, en racontant leur histoire, nous célébrons la diversité de notre pays et les progrès que nous avons réalisés jusqu’à maintenant.

L’année 2019 fait partie de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine des Nations Unies, consacrée à la reconnaissance, à la justice et au développement. Compte tenu des objectifs de cette décennie, tout en commémorant l’arrivée de la première grande vague d’esclaves africains, nous devrions discuter, proposer des ressources, créer des occasions d’apprentissage, organiser des excursions scolaires, participer à des fêtes du patrimoine ou à des conférences jeunesse, et inviter des conférenciers et conférencières à parler de nos libertés fondamentales d’un point de vue antiraciste.

Si l’éducation a pour but d’aider les jeunes à relever les défis de demain, nous devons parler des questions de privilège et d’inclusion, des difficultés, héritage de l’esclavage, qui subsistent encore dans notre pays, ainsi que des vagues successives d’immigration noire, de la période pré-Confédération à aujourd’hui. Je ne dis pas qu’il n’y a pas eu d’amélioration, mais qu’il reste du chemin à faire. Le travail de justice sociale n’est pas terminé et ce sont nos élèves qui le font avancer.

L’histoire de Viola Desmond nous fait découvrir la détermination d’une jeune femme qui, après avoir suivi une formation d’esthéticienne, tient à transmettre à d’autres les connaissances qu’elle a acquises et ouvre sa propre école. Créative, Viola Desmond met également au point une gamme de produits de beauté pour les femmes noires et travaille à étendre la portée de son entreprise. Puis, un jour, alors que sa voiture tombe en panne dans une ville loin de chez elle, elle décide d’aller au cinéma pendant que le mécanicien répare sa voiture. Pour mieux voir l’écran (elle avait oublié ses lunettes dans la voiture), elle s’assoit, sans le savoir, dans la section réservée aux Blancs et refuse d’aller s’asseoir au balcon. Expulsée du cinéma, elle se retrouve en prison, puis accusée d’avoir tenté de frauder le gouvernement parce qu’elle n’avait pas payé la taxe d’un sou… le seul motif trouvé pour justifier que des accusations soient portées contre elle. Le fait que ces accusations aient été fondées sur une question d’argent rend la présence de son portrait sur un billet de banque profondément symbolique. Son histoire a été rendue publique, et sa bravoure a contribué à mobiliser la communauté et, en fin de compte, à mettre fin à la ségrégation en Nouvelle-Écosse.

Contrairement à Viola Desmond, d’une famille noire établie depuis des générations à Halifax, l’honorable Lincoln Alexander (aussi appelé Linc) est le fils, né au Canada, d’immigrants antillais installés à Toronto. À la suite de la séparation de ses parents, Linc part vivre à New York avec sa mère et la parenté de celle-ci. Là-bas, il découvre dans la communauté noire toutes sortes de talents et de professions qui lui font prendre conscience du fait qu’il peut aspirer à autre chose qu’un métier de porteur, métier auquel son père, comme bon nombre d’Afro-Canadiens, était relégué. Après le retour de sa famille à Toronto, Linc se joint à l’Aviation royale du Canada où il devient caporal. Il accepte un poste de machiniste, mais aspire à plus, et obtient ensuite un diplôme de l’Université McMaster avant d’entreprendre des études de droit. La discrimination dont lui et d’autres avocats sont victimes l’incite à mettre sur pied ce qui est probablement le premier cabinet d’avocats multiculturel à Hamilton. Il ne s’arrête pas là. Son premier essai en politique, bien qu’infructueux, ne l’empêche pas de réessayer, au contraire. Il devient finalement le tout premier Canadien de race noire à siéger à la Chambre des communes, le tout premier membre de race noire du Conseil des ministres et le tout premier président de race noire de la Commission des accidents du travail. Il est notamment le premier Afro-Canadien à occuper le poste de lieutenant-gouverneur. En plus d’avoir été le premier membre de sa famille à obtenir un diplôme universitaire, Linc a été la première personne à remplir cinq mandats de chancelier à l’Université de Guelph.

Alors, quelles leçons pouvons-nous tirer du passé? Comment trouver dans ces deux personnages de renommée nationale l’inspiration pour passer à l’action dès aujourd’hui?

D’abord, nous devons reconnaître que des personnes d’ascendance africaine ont grandement contribué à la société canadienne et qu’elles constituent un groupe diversifié. Les histoires de Viola Desmond et de Lincoln Alexander sont parmi ces nombreux exemples de la résilience, de la détermination et des succès afro-canadiens.

Nous devons aider nos élèves à comprendre que, même s’ils ne réussiront pas toujours tout ce qu’ils entreprendront, cela vaut la peine d’essayer et même de réessayer. Nous devons aussi les encourager à se défendre et à défendre les autres s’ils estiment que leurs droits et libertés ont été bafoués.

Les exemples que donnent les programmes d’études doivent être diversifiés, comme doivent l’être les occasions d’apprentissage et la dotation en personnel, à tous les niveaux, afin de représenter les diverses réalités raciales et ethniques. Nos élèves doivent se reconnaître dans les livres qu’ils lisent et dans les professionnels et professionnelles, et les figures d’autorité qu’ils côtoient. « Là où d’autres réussissent, on peut réussir aussi. »

La longue histoire des personnes noires au Canada nous montre surtout qu’il faut un engagement plus grand à l’égard de l’éducation, de la persévérance scolaire et de l’apprentissage permanent, ce que nous, éducateurs et éducatrices, pouvons encourager par des méthodes pédagogiques stimulantes et un choix de ressources et d’expériences afro-canadiennes variées et inclusives (programmes d’études, livres, conférenciers et conférencières, expositions, musique, films, danse, etc.) pendant le Mois de l’histoire des Noirs et des Noires, en février, et toute l’année.

« Là ou d’autres réussissent, on peut réussir aussi. » Il est important que les éducateurs et éducatrices proposent aux élèves des ressources et des expériences enrichissantes qui les aideront à relever les défis d’aujourd’hui et de demain.

Références :

Sadlier, Rosemary. The Kids Book of Black Canadian History, KidsCanPress, [En ligne]. [https://www.kidscanpress.com/products/kids-book-black-canadian-history?fbclid=IwAR2BqVoLNMmdouzJ1cZby6MBvSC82QUTbEkAd-pEsNBPZk2uLdyRRF4Yum0]

Parler vrai au pouvoir Canada : À la défense des droits de la personne

Histoire des Noirs : Livingstone et Alexander | Postes Canada

John Ware et Viola Desmond | Postes Canada




Rosemary Sadlier est une ancienne présidente de l’Ontario Black History Society et l’une des défenseuses et défenseurs des droits de la personne de Parler vrai au pouvoir Canada.

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