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Le mot de Cassie

| Équité entre les genres, Justice sociale

Je suis devenue secrétaire générale de la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants (FCE-CTF) en janvier 2015. J’avais presque 48 ans, alors que la FCE-CTF en avait 95. Bien que la Fédération représente fièrement depuis longtemps les membres d’une profession composée majoritairement de femmes1, j’étais la première femme à être nommée secrétaire générale. Forte d’une douzaine d’années de service comme membre du personnel, conjuguées à plusieurs mois d’orientation au sujet de mon rôle, je sentais que j’avais une bonne idée de ce qui m’attendait. En 2015, j’étais immensément fière et reconnaissante d’avoir l’occasion d’être au service de ma profession, de nos organisations membres et du personnel. C’est avec humilité et gratitude que je continue de diriger mon équipe à la Fédération afin de mettre en œuvre les orientations décidées par les déléguées et délégués à notre assemblée annuelle, le Conseil d’administration et le Comité exécutif, et de donner des conseils s’y rapportant. Cela dit, rien ne m’avait entièrement préparée aux préjugés sexistes auxquels je suis confrontée depuis 2015, au travail et à la maison.    


Je pourrais remplir des pages et des pages d’exemples de propos tenus devant moi ou derrière mon dos, qui seraient considérés sur-le-champ par bien des gens comme des mots dont jamais les titulaires précédents du poste de secrétaire général — tous des hommes — n’auraient été l’objet. Mais je ne vais pas le faire ici maintenant. L’une des raisons est que je n’aimerais pas causer de désagréments à d’autres sans vraiment savoir de quelles formes de soutien ces personnes bénéficient autour d’elles. En outre, comme je crois qu’il n’y a pas vraiment de problème là où il n’y a pas de solution, je préfère me concentrer sur l’avenir — sur les initiatives et les actions que mène la Fédération pour supprimer les inégalités fondées sur le genre et réaliser des avancées pour les personnes qui s’identifient comme femmes et, donc, pour tout le monde.

Juin 2019 est le mois par excellence pour mettre en valeur l’engagement de la FCE-CTF à éradiquer l’inégalité des genres. Notre Symposium annuel sur les questions féminines connaît un succès grandissant. Cette année encore, cet évènement à guichets fermés réunira à Vancouver des consœurs venues de partout au pays pour prendre part à une journée intense d’apprentissage et de camaraderie, avant de se joindre à la plus vaste conférence du monde sur les droits des femmes et des filles, celle de Women Deliver. Au Symposium de la FCE-CTF, intitulé « Les femmes, bâtisseuses de l’éducation publique », nous entendrons des femmes de divers horizons qui en sont à différents stades de leurs parcours de leadership, et nous lancerons Fem•Lead•Fém. Première en son genre, Fem•Lead•Fém est une ressource en ligne mise sur pied par la FCE-CTF pour appuyer les femmes à la tête de syndicats de la profession enseignante. Déjà, le site contient une foule de renseignements sur les stratégies, les composantes structurelles et le soutien nécessaires pour que des femmes puissent occuper des postes de direction dans nos organisations. Il s’enrichira au fil des ans, alimenté par les contributions de nombreuses sources.

Le Comité consultatif de la condition féminine continue de jouer un rôle déterminant dans la Fédération. Cette année, il a non seulement contribué de façon importante au symposium annuel et à la ressource Fem•Lead•Fém, mais il a aussi examiné les structures de gouvernance de la FCE-CTF et formulé une recommandation visant à toujours garantir la représentation des femmes au Comité exécutif (CE). Le Conseil d’administration a pour sa part recommandé que des sièges soient réservés aux femmes au sein du CE (mesure qui entrerait en vigueur l’année du centenaire de la Fédération), recommandation dont les délégués à la prochaine assemblée générale annuelle, en juillet, auront la possibilité de débattre, avant qu’elle soit mise aux voix.

Depuis trois ans, la FCE-CTF travaille en partenariat avec Plan International Canada pour mener à bien le projet Les jeunes pour l’égalité des genres (JEG). En notre qualité de codirigeants du projet, responsables d’assurer la participation à grande échelle des francophones du Canada, nous sommes fiers de contribuer au lancement de la Feuille de route des jeunes pour l’égalité des genres et nous réjouissons à la perspective de soutenir le grand dessein des jeunes en matière d’égalité des genres.

Cette année, à l’automne, en partenariat avec le Uganda National Teachers’ Union (UNATU), et grâce au soutien financier d’Affaires mondiales Canada, la FCE-CTF commencera à travailler à l’initiative Simameni. Simameni poursuit la collaboration entreprise entre le UNATU et la FCE-CTF pour améliorer l’éducation des adolescentes, en particulier leur fournir les soutiens nécessaires pour réussir la transition entre les dernières années du primaire et le secondaire. Nous sommes reconnaissants à Affaires mondiales Canada de son appui financier et fiers que notre proposition ait été l’une des 21 seulement qui ont été retenues sur les quelque 200 reçues (de la part de petits ou moyens organismes).

Ce ne sont là que quelques exemples des toutes dernières initiatives entreprises par la FCE-CTF pour promouvoir l’égalité des genres pour toutes et tous. J’encourage les lectrices et lecteurs à jeter un coup d’œil à la ressource Fem•Lead•Fém, à suivre nos efforts et à nous faire part de leurs idées pour lutter contre les inégalités fondées sur le genre. J’ai commencé ce court article en soulignant le fait que je suis la première femme secrétaire générale de la FCE‑CTF. Comme je l’ai dit lors de ma nomination, alors qu’une grande attention était accordée au fait que j’étais « la première », « ce qui compte le plus, c’est que je ne sois pas la dernière! » L’enseignement, pour d’excellentes raisons, est une profession majoritairement féminine2; tant que ce sera le cas, il est essentiel que les femmes soient nombreuses et fassent bien entendre leur voix aux postes de direction de la profession. Afin d’atteindre cet objectif, nous devons toutes et tous veiller à mettre en place les stratégies, les structures et les soutiens nécessaires au succès.  


Les femmes dans des postes de direction — En 1996, les femmes représentaient plus de 60 % de la population enseignante, et pourtant, seulement 36 % d’entre elles occupaient des postes de direction. Cette proportion est passée à 58 % selon le recensement de 2016, mais la proportion de femmes dans la profession a elle aussi augmenté pendant cette période pour s’établir à 74 %. Statistiquement parlant, il y avait davantage de femmes dans des postes de direction en 2015-2016, mais il y avait aussi davantage de femmes qui enseignaient, rendant l’amélioration relative négligeable1. Pour les mêmes raisons que celles énoncées dans la section sur les perspectives historiques, d’un point de vue sociologique, l’idée voulant que les femmes ne soient pas faites pour les postes de direction en raison de leur différence biologique est demeurée omniprésente dans la littérature presque jusqu’à la fin des années 1970.


1 Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants, Educator Gender Statistics: Public Elementary-Secondary School Educators in Canada, 2018, p. 4.

2 Pamela Rogers, Women teachers in Canada: A brief commentary on the “feminization” of school teaching, p .3.


Cassandra Hallett est la secrétaire générale de la FCE-CTF.

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