Espace membres

L’espace professionnel du personnel enseignant

| Profession enseignante

Il n’y a pas très longtemps, à mon anniversaire, mes enfants m’ont offert une carte dont le message m’a interpelée bien plus qu’ils n’auraient pu l’imaginer, au-delà de ma vie personnelle, pour me rappeler ma vie professionnelle et les questions que défend la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants (FCE). Le message disait essentiellement ceci : « Maman, c’est ton anniversaire! Relaxe, prends du temps pour toi…, mais POURRAIS-TU ME FAIRE UN SANDWICH? » Nous avons bien ri, mais j’ai aussi pris soin d’expliquer à mes enfants pourquoi la carte avait touché une corde sensible, au‑delà des réalités de ma vie, bien remplie, de parent (et, surtout, même si nous sommes en 2018, de mère).

Je leur ai dit que les parents et les enseignantes et enseignants avaient beaucoup en commun! Et bien qu’un grand nombre de leurs points communs soient positifs, de réels défis restent à relever.

Combien de fois une enseignante, que celle-ci se trouve à Vernon (Colombie-Britannique), à Kugluktuk (Nunavut), à Montréal (Québec), à Paradise (Terre-Neuve-et-Labrador) ou ailleurs au Canada, a-t-elle dû, alors qu’elle venait tout juste de se plonger dans son travail de planification ou de correction, interrompre ce qu’elle faisait pour, par exemple, donner suite à l’arrivée incessante de courriels, se rendre à une réunion du personnel, intervenir à la suite d’un incident à l’école, s’acquitter de tâches parascolaires ou répondre aux questions des parents? Beaucoup d’entre vous sauront que ces périodes de réflexion, essentielles pour le personnel enseignant, sont très souvent interrompues et remises à plus tard, en soirée ou pendant la fin de semaine. Les pressions sur le temps du personnel enseignant et, en particulier, sur l’espace professionnel vont en augmentant. L’article de Joni Turville sur les répercussions du courriel sur l’espace professionnel des enseignantes et enseignants brosse un tableau préoccupant. Le courriel ne nous aide pas, comme on l’espérait, à travailler « plus intelligemment »; il représente plutôt une source de pressions et de distractions qui allongent démesurément la journée. Dans le même ordre d’idées, vous serez nombreux à trop bien savoir à quel point les tests standardisés (comme le PISA, l’étude TEIMS, le PIRLS et d’autres), dont le nombre ne cesse d’augmenter, peuvent détruire l’autonomie professionnelle du personnel enseignant et sa liberté d’exercer son jugement (sans parler de leurs effets sur l’apprentissage des élèves).

La FCE, de concert avec ses organisations Membres provinciales et territoriales, milite pour que l’enseignement continue d’être reconnu comme une profession dont les membres sont considérés (et rémunérés) comme des professionnelles et professionnels hautement qualifiés et capables d’exercer leur jugement tous les jours afin d’offrir une éducation publique inclusive de qualité aux élèves qui leur sont confiés.

La FCE ne tolère aucune érosion de l’enseignement comme profession ni aucun affaiblissement de la qualité de l’éducation publique comme bien public et comme droit fondamental des enfants et des jeunes. En effet, ces deux principes se renforcent mutuellement. Les élèves ont besoin d’enseignantes et enseignants qualifiés et de conditions d’apprentissage de qualité. De leur côté, les enseignantes et enseignants ont besoin d’un espace professionnel pour offrir ce qu’il y a de mieux à leurs élèves.

C’est pourquoi la FCE, en plus de militer en faveur d’une répartition appropriée du temps de travail du personnel enseignant, a décidé récemment de mettre davantage l’accent sur l’apprentissage professionnel des enseignantes et enseignants. L’article de Pamela Osmond-Johnson que vous trouverez dans le présent numéro de Perspectives explique de nombreux impératifs de l’apprentissage professionnel dirigé par le personnel enseignant. Sur le plan de l’autonomie professionnelle, la FCE est également fière de collaborer avec le Conseil des ministres de l’Éducation (Canada), entre autres initiatives d’action politique, pour que la disposition de la Loi sur le droit d’auteur relative à l’utilisation équitable soit maintenue. Nous estimons que les enseignantes et enseignants doivent continuer à pouvoir utiliser des extraits de documents pour répondre au mieux aux besoins des élèves et, ce faisant, à promouvoir les artistes canadiens dans les écoles du pays.

La FCE défend vigoureusement les droits des femmes. Et étant donné que la vaste majorité des membres de la profession enseignante au Canada sont des femmes, elle place l’équité au cœur de sa mission. Cette question, dont traite l’article sur la récente Conférence mondiale des femmes de l’Internationale de l’Éducation, constitue aussi un grand pan du travail d’action politique de la FCE.

La FCE milite en outre pour l’amélioration des conditions dans les écoles afin que, tous sans exception, les élèves puissent apprendre et les membres du corps enseignant puissent enseigner dans un milieu sécuritaire et bienveillant. Elle s’oppose au châtiment corporel sous toutes ses formes et a fait de cette position un de ses principes directeurs en 1989. Elle veille également à assurer la sécurité de l’ensemble des élèves et des membres du personnel enseignant, et a mené des discussions avec les conseils et commissions scolaires et les ministères de l’Éducation au sujet de l’article 43 du Code criminel du Canada et du projet de loi S‑206 (qui vise son abrogation) afin que les dispositions nécessaires soient en place pour assurer la sécurité de tous et toutes, tant celle des élèves que celle des enseignantes et enseignants.

Je vous invite donc à lire le présent numéro de Perspectives en vous demandant, comme le font la FCE et les organisations provinciales et territoriales de l’enseignement qui la composent, ce que nous pouvons faire pour continuer de renforcer l’espace professionnel du personnel enseignant et, ce faisant, améliorer la profession et favoriser la réussite des élèves aux quatre coins du pays.


L’espace professionnel du personnel enseignant
Accessibilité