Espace membres

Réflexions d’une francophile engagée

| Francophonie

L’an dernier, pour célébrer la Journée internationale de la Francophonie, la FCE avait affiché dans les réseaux sociaux des profils de membres de son personnel mettant en vedette les liens qu’ils avaient avec la francophonie. Cet exercice amusant nous avait permis de réaliser que nous sommes, au siège social de la Fédération, une sorte de microcosme de la société canadienne dans toute sa diversité. Comme mes autres collègues, je m’étais prêtée à l’exercice qui m’avait fait réaliser à quel point le français fait véritablement partie de mon identité!

Pourtant, le fait de naître à Halifax dans une famille anglophone ne me prédestinait pas à la francophilie. L’immersion française n’existait toujours pas et ma scolarité s’est déroulée en anglais avec un cours de français langue seconde qui n’a fait que piquer ma curiosité. À l’adolescence, j’ai eu la chance de vivre une expérience qui m’a vraiment fait comprendre la valeur du bilinguisme dans la société canadienne. J’ai obtenu une bourse d’étude qui m’a menée à Québec pour un été. Je suis tombée en amour – avec la ville et avec la langue française! Je me suis plongée dans l’apprentissage de cette langue qui me colle maintenant à la peau et qui fait vraiment partie de qui je suis. Avec les années, le mot « francophile » est venu donner une nouvelle couleur à mon identité et à celle de ceux qui, comme moi, ont adopté le bilinguisme comme une valeur canadienne incontournable.

Quand j’ai accepté le poste de secrétaire générale l’an dernier, les Services aux francophones venaient de lancer une importante recherche. Enjeux de l’enseignement en contexte minoritaire francophone1 reprenait les mêmes questions qui avaient été posées au personnel enseignant des écoles de langue française dix ans plus tôt dans l’enquête initiale2. Cette nouvelle étude révélait que les principaux défis du personnel enseignant restent liés au manque de ressources pédagogiques en français et à la responsabilité particulière de devoir promouvoir l’usage du français dans un milieu anglo-dominant. Au cours de la décennie s’est ajouté le défi d’une charge d’enseignement trop lourde avec des groupes d’élèves ayant des besoins de plus en plus diversifiés3.

Cette recherche m’a permis d’apprécier à quel point les Services aux francophones de notre Fédération jouent un rôle essentiel sur l’échiquier de l’éducation en français au Canada. Nous en sommes fiers et, de plus, nous pouvons nous réjouir d’avoir un réseau d’agents et d’agentes de liaison francophones « d’un océan à l’autre et à l’autre4 » qui est devenu au fil des ans l’interlocuteur principal du monde associatif quand il s’agit de faire entendre la voix du personnel enseignant de langue française.

J’ai la chance aujourd’hui de vivre à Ottawa, une ville où se côtoient le français et l’anglais dans la vie de tous les jours. J’occupe un poste bilingue dans une organisation qui milite pour la justice sociale et qui continue de faire du bilinguisme une de ses valeurs fondamentales. Mes enfants fréquentent une école de langue française depuis le début de leur scolarité et s’expriment avec la même aisance que leurs camarades, une grande source de fierté pour leur maman (même quand ils corrigent mon français!). Bien sûr, comme famille, nous sommes conscients du besoin de faire une place importante au français dans les activités culturelles qu’ils vivent (et dans leur bibliothèque personnelle!) car vivre dans une région bilingue ne veut pas dire que les choses arrivent facilement. Vivre en français demande une vigilance et un effort constants. Mes enfants sont pourtant la preuve qu’il est possible de devenir francophone, car ils le sont bel et bien dans leurs comportements et dans leur façon de s’exprimer.

Les enfants qui fréquentent les écoles de langue française au Canada sont l’espoir d’une plus grande justice sociale entre les communautés linguistiques. La Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants joue un rôle de premier plan pour leur offrir la meilleure éducation qui soit et elle poursuit cette mission avec le même dynamisme et la même énergie que ceux qui caractérisent le personnel enseignant de nos organisations Membres.

Je vous souhaite à toutes et à tous une excellente Journée internationale de la Francophonie!


1 CHIASSON, Maurice et Louise GRATTON. Enjeux de l’enseignement en contexte minoritaire francophone, Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants, 2014.
2 Le personnel enseignant face aux défis de l’enseignement en milieu minoritaire francophone, Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants, 2004.
3 CHIASSON, Maurice et Louise GRATTON. Enjeux de l’enseignement en contexte minoritaire francophone, Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants, 2014, page 21.
4 Il s’agit du thème du Symposium francophone annuel qui avait lieu du 17 au 19 février 2016 à Vancouver.

La FCE fêtera son centenaire en 2020
Accessibilité